C'était bizarre cette discussion autour d'une bière, après une heure et demie de marche la trogne en plein soleil pour moi. On a passé le cap de la vingtaine, nos esprits se sont un peu calmés, mais juste un peu, et on avance tranquillement sur l'autoroute qu'on voulait éviter quand on s'est connus.
C'est con hein, la vie ? Ben ouais, mais y'a des fois c'est comme ça. Tu t'fais rattrapper par un tas de conneries auxquelles t'as crié "
Vade retro !" pendant des années. Enfin, comme dirait Simon, un mec un peu bedonnant qui a la trentaine passée, "J'voterai jamais à droite !". Y'a un minimum de vestiges qui restent, tout d'même. Enfin, j'espère qu'ils resteront.
Tout ça pour dire que nos rêves d'il y a quelques temps commencent à s'effriter sérieusement et surtout plus vite qu'on aurait pu le penser. On devient vieux. Mais on reste jeunes. Des vieux ados persuadés qu'ils ont raison et que leurs rêves, ils existent vraiment. Ca fait un peu fou dit comme ça, mais pourquoi pas, après tout ?
On gamberge toujours autant et même plus, on est toujours aussi torturés même si je soupçonne mon compère le haricot de l'être plus que moi. Le truc c'est qu'il le cache bien. Quoique, je suis pas mauvais pour ça non plus !
On avait et on a toujours des rêves et j'crois que la chose la plus difficile là-dedans, c'est de sauter le pas et de se lancer comme un fou dans la marre, comme pour éclabousser tout l'monde. Mais qui me dit qu'une fois arrivé à Bordeaux, en juillet, je n'vais pas simplement faire demi-tour ? Un coup à s'en vouloir
ad vitam eternam, c'est sûr. Je me connais un peu, tout d'même. M'enfin, je pense avoir évolué et il suffira de me remémorer la nuit dans le métro parisien ou celle dans les rues de Dijon pour parer à la baisse subite de motivation et de soif d'aventure.
[L'important dans la vie, c'est d'en chier.]