Dimanche 11 septembre 2011 à 21:45

    Je pense que j'ai plein de choses à écrire, plus folles les unes que les autres. Et si je devais le faire, je ne commencerais sûrement pas par ce week-end, mais on va quand même commencer par là.

    Jusqu'à il y a quelques mois, passer le cap de la trentaine revenait à glisser assez fourbement un pied dans sa propre tombe. Et, lorsque des enfants s'ajoutaient, c'était toute la jambe qui y passait. En réalité, le monde des trentenaires était un truc un peu bizarre, peut-être un monde parallèle résultant d'une faille spatio-temporelle. Bref, un endroit où on n'a pas vraiment envie d'aller et si on y va, c'est à reculons.

    A la fois hasardeux et curieux, il a bien fallu que j'y mette les pieds, avec sept ans d'avance sur le cours naturel de la vie. Et, finalement, c'est pas si mal que ça. On s'y rencontre autour d'un Gigancake et on finit par se décorer mutuellement avec de la peinture, en guise de symbole d'amitié. Ca ressemblait moins à un trenteetunième anniversaire qu'à un septième anniversaire, mais l'intérêt de la chose, c'est la vie qu'y s'en dégage. Et il y en a !

    Le voyage est beaucoup moins stressant et désagréable que ce que j'avais pu imaginer. En fait, dans ce monde étrange, on s'y rend facilement, comme porté par le vent, sur un tapis volant. Soit j'ai de la chance, soit la vie n'est pas si pourrie qu'elle en a l'air. Toujours est-il que je me sens vachement bien, que ça dure depuis plusieurs semaines et que l'idée de retourner dans la ville des ducs de Lorraine me file un peu la chair de poule. C'est surtout l'idée de m'en aller qui me gêne, en fait.

    Parce qu'en tant que jeunot newbie, on doit forcément faire ses preuves. Les rites de passages n'en sont pas vraiment ou alors ils sont bien camouflés. Mais il y a toujours cette légère angoisse enivrante de ne pas bien faire, de dire le mot de trop qui te rend d'un coup ridicule et qui dévoile au grand jour ton ignorance de la vie. La peur de décevoir, tout simplement. Et tu te surpasses, forcément. Pour le plus grand bonheur de l'assemblée.

[Je sais que c'est pas vrai mais j'ai seize ans !]

Lundi 25 juillet 2011 à 21:09

    Je pensais ne pas revenir traîner mes pattes ici tout de suite. Parce que je n’avais plus l’envie, plus la folie qui faisait que j’aimais écrire. Je n’avais plus non plus cette rigueur qui m’a tenu un temps à écrire régulièrement. Et puis…

    C’était il y a dix jours. La nuit tombée, c’était la guerre. 14 juillet oblige, tout ce que la Lorraine a fait de meilleur s’est cru bon de venir éclater le stock de poudre local au Plan d’eau. Mais pas seulement, c’était aussi la guerre dans nos têtes. Une guerre des tranchées, ou on essaye de scruter l’autre en faisant mine de regarder au loin pour observer les cygnes. Une guerre qui ne dit pas son nom, une sorte de guerre froide sans arme nucléaire. Etait-ce vraiment une guerre, d’ailleurs ?

    Pas vraiment, on est chacun venus avec nos armes chargées, mais rien. L’armistice a été signée pour éviter un nouveau bain de sang qui n’aurait honoré aucune des deux parties. On se l’est faite cool et peace&love. Des êtres humains réfléchis, pour une fois. Et, au détour d’une invitation au restaurant et à l’achat de bouteilles pour passer la soirée, j’ai retrouvé cette magie et peut-être cette humanité que je cherchais depuis plusieurs mois, en vain. Il a fallu en arriver là pour qu’enfin, la magie sorte de son nid. Preuve en est qu’elle se cachait et on la comprend : une guerre ça n’a pas grand-chose de magique. Et même si c’était un peu douloureux à vivre, cette soirée valait la peine d’être vécue, après tant de combats qu’on pensait sans fin.

    Et puis, je suis reparti. Il le fallait bien. Pour le salut d’mon âme, comme dirait l’autre. Je vis ici dans un épais brouillard, peut-être la fumée des combats passés. Un brouillard qui rend chacun de mes pas incertains. Un brouillard qui ne mène nulle part, a priori. En dix jours, j’ai pas eu le temps d’y voir clair. J’ai tout juste eu le temps de réaliser que c’était fini, de pleurer mes camarades morts dans les combats et de me dire qu’ils auraient pu survivre à tout ça, si on avait fait autrement ou tout simplement si on l’avait voulu. « Le mieux est l’ennemi du bien », disait mon illustre professeur de physique de terminale. Et, bien que la vie ne soit heureusement pas régie par des équations mathématiques, en cinq ans j’ai déjà pu constater que c’est souvent vrai.

    Survivre, c’est un peu ce que je fais depuis. J’ai, comme il se doit, noyé mes illusions perdues dans diverses substances liquides et gazeuses, qui m’ont coûté quelques réveils difficiles. Mais je m’attendais pas à me réveiller dans du coton. Les folies du genre sont passées. Sans doute jusqu’à ce que je retrouve quelque chose qui ravive les blessures. J’arrive plus ou moins à dormir, pas beaucoup, et à survivre à l’ennui d’une journée de travail dans les compteurs à gaz. Il faut dire que pester contre le sous-traitant allemand ou chinois qui fabrique de la merde parce que la boîte ne veut pas que ça lui coûte un rond, ça maintient éveillé. Plus que quatre jours et après. Et après… On verra bien, comme le dit la chanson.

    Je ne me sens pas heureux d’avoir écrit autant de mots les uns derrière les autres, tout juste satisfait d’avoir pu les organiser pour que l’ensemble s’approche au mieux de ce qui se passe entre mes neurones, là-haut.

 
[Encore merci.]

Dimanche 20 mars 2011 à 11:54

    Voila quelques semaines ou quelques mois que je vis quelque chose de nouveau, mais pas tout à fait. Le suspens est insoutenable, qu'est-ce que c'est donc ?

    J'ai le sentiment d'avoir trouvé une oasis en plein désert, après des mois et des mois de traversée laborieuse. Mais cette oasis, elle n'est pas si nouvelle que ça. Elle n'a guère changé depuis que je l'ai quittée et pourtant elle a le goût du renouveau. Etrange ! Je pense être tombé amoureux une deuxième fois, de la même personne. Et le tout en trois ans.

    Non pas que le sentiment amoureux m'ait quitté pendant ce long voyage, mais c'est comme s'il revivait, comme s'il avait mangé plus d'épinards que Popeye et était devenu plus fort. Une métamorphose, comme la chenille qui devient chrysalide pour se transformer en papillon. Là on est au troisième stade de l'évolution, le papillon. Comme ceux dans le ventre. Mais la durée de vie a l'air tout à fait différente.

    C'est un peu comme chaque année, quand on redécouvre le soleil du printemps après avoir subi l'hiver et son ciel gris. Le nouveau printemps a l'air toujours mieux que le précédent, toujours plus intense. Et c'est ce que je vis aujourd'hui. Et aujourd'hui, comble du hasard, c'est le printemps.

[Alors je suis content !]

Mardi 11 janvier 2011 à 0:06

    Le plafond était tellement bas que le sommet des poteaux électriques disparaissait dans un épais paquet blanc. Une sorte de no man's land fantomatique se dressait devant moi, de l'autre côté de la vitre. Les écouteurs dans mes oreilles y déversaient agréablement un live d'Iron & Wine. Il n'en fallait pas plus pour que j'abandonne l'idée d'ouvrir le bouquin qui était dans mon sac et que je me laisse transporter à quelques centaines de kilomètres heures dans cet épais brouillard de janvier.

    Tout ou presque y est passé. J'étais un peu perdu, mais j'étais quand même quelque part. Dans mes songes. Je ne me souviens pas de tout, je sais juste qu'un sourire barrait mon visage comme il l'a rarement fait. J'étais heureux. J'avais l'impression d'être seul dans ce paquet blanc et j'étais heureux. J'avais oublié cette capacité à me suffire à moi-même pour avoir l'air bête et niais. J'étais aussi content de la retrouver qu'un gamin qui retrouve chaque année ces cadeaux de Noël au pied du sapin.

    Le paysage s'est mis à tanguer brusquement, au même endroit que d'habitude. Le mouvement a été accompagné par la sensation de s'écraser face contre terre en trois dixièmes de secondes, mais apparemment la catastrophe ferroviaire n'était pas à l'ordre du jour. Elle le sera sûrement plus dans dix ans, quand le temps et l'usure des matériaux l'aura rendue inévitable.

    Une fois l'assiette rétablie et après avoir constaté que j'étais bel et bien vivant, ma vue avait changé. Mais pas tout à fait. C'était un autre désert devant mes yeux. Un désert rempli d'eau. Ces fameuses pâtures inondées neuf mois sur douze n'ont pas encore absorbé toute l'eau qui leur est tombée dessus.

    Je me suis alors souvenu d'un rêve étrange fait au petit matin. Mon meilleur ami du collège et du lycée m'annonçait qu'il sortait avec une fille. Soit. Rien de plus banal dans la vie d'un adolescent que l'expérience amoureuse. Mais, dans la vraie histoire, le petit Thomas était raide dingue de la copine de la fille dont il était question dans mon rêve. Le "ça" est quand même formidable, parfois.

    La proportion d'eau dans mon champ de vision a diminué et le paysage s'est mis à ralentir. J'ai su qu'on approchait d'un village qui n'aurait pas trouvé mieux que d'accueillir une gare : Cheminot.

    En posant le pied par terre, je savais que je pouvais foirer l'entretien d'embauche qui m'attendait et raconter n'importe quelles aberrations sur la chromatographie liquide associée à deux spectromètres de masses. Ca n'était pas le plus important. J'étais déja heureux.

[Terminus, tout l'monde descend !]

Mercredi 8 décembre 2010 à 18:14

http://grand.gourou.nomade.free.fr/Blogounet/photosneige.jpg

    Voilà à quoi ressemblent mon hypothétique futur-ex-lieu de travail et ses environs ce soir. J'ai beau avoir bientôt vingt-trois, ce genre de chose m'émerveille encore. La ville bruyante s'est effacée sous le manteau neigeux et en parcourant les petites rues, on pourrait se croire dans un village de 500 habitants tellement le silence règne. Dans ces cas là, marcher trois quarts d'heure sous une neige compacte parce qu'on a laissé la voiture sur le parking et parce que les bus font défaut, ça n'a tout simplement pas de prix.
 
[Et c'est beau !]

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