Mardi 11 janvier 2011 à 0:06

    Le plafond était tellement bas que le sommet des poteaux électriques disparaissait dans un épais paquet blanc. Une sorte de no man's land fantomatique se dressait devant moi, de l'autre côté de la vitre. Les écouteurs dans mes oreilles y déversaient agréablement un live d'Iron & Wine. Il n'en fallait pas plus pour que j'abandonne l'idée d'ouvrir le bouquin qui était dans mon sac et que je me laisse transporter à quelques centaines de kilomètres heures dans cet épais brouillard de janvier.

    Tout ou presque y est passé. J'étais un peu perdu, mais j'étais quand même quelque part. Dans mes songes. Je ne me souviens pas de tout, je sais juste qu'un sourire barrait mon visage comme il l'a rarement fait. J'étais heureux. J'avais l'impression d'être seul dans ce paquet blanc et j'étais heureux. J'avais oublié cette capacité à me suffire à moi-même pour avoir l'air bête et niais. J'étais aussi content de la retrouver qu'un gamin qui retrouve chaque année ces cadeaux de Noël au pied du sapin.

    Le paysage s'est mis à tanguer brusquement, au même endroit que d'habitude. Le mouvement a été accompagné par la sensation de s'écraser face contre terre en trois dixièmes de secondes, mais apparemment la catastrophe ferroviaire n'était pas à l'ordre du jour. Elle le sera sûrement plus dans dix ans, quand le temps et l'usure des matériaux l'aura rendue inévitable.

    Une fois l'assiette rétablie et après avoir constaté que j'étais bel et bien vivant, ma vue avait changé. Mais pas tout à fait. C'était un autre désert devant mes yeux. Un désert rempli d'eau. Ces fameuses pâtures inondées neuf mois sur douze n'ont pas encore absorbé toute l'eau qui leur est tombée dessus.

    Je me suis alors souvenu d'un rêve étrange fait au petit matin. Mon meilleur ami du collège et du lycée m'annonçait qu'il sortait avec une fille. Soit. Rien de plus banal dans la vie d'un adolescent que l'expérience amoureuse. Mais, dans la vraie histoire, le petit Thomas était raide dingue de la copine de la fille dont il était question dans mon rêve. Le "ça" est quand même formidable, parfois.

    La proportion d'eau dans mon champ de vision a diminué et le paysage s'est mis à ralentir. J'ai su qu'on approchait d'un village qui n'aurait pas trouvé mieux que d'accueillir une gare : Cheminot.

    En posant le pied par terre, je savais que je pouvais foirer l'entretien d'embauche qui m'attendait et raconter n'importe quelles aberrations sur la chromatographie liquide associée à deux spectromètres de masses. Ca n'était pas le plus important. J'étais déja heureux.

[Terminus, tout l'monde descend !]

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Par . le Mardi 11 janvier 2011 à 6:27
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