Samedi 4 février 2012 à 15:32

    Ca fait un peu plus d'un mois que je suis ici, à Nancy, même si, ces derniers temps on pourrait croire que c'est à Novossibirsk que j'habite. Je commence à prendre mes marques. Dans la ville, dans la vie, dans mon nouveau chez moi. Je commence vraiment à me sentir "chez moi". Les parenthèses rémoises sont fatigantes et souvent difficiles à refermer mais sont tellement de moments de bonheur que ça vaut bien de vivre entre deux endroits.

    Je ne me suis pas encore renversé d'acide fluorhydrique sur les mains et mes os se portent bien. J'espère que ça va durer. Je n'ai pas encore eu à sacrifier ma barbe au profit de ma sécurité en manipulant du béryllium, mais ça ne va pas durer. Je me sens bien, à l'I.N.R.S., très bien même. Et si le site de Vandoeuvre pouvait se téléporter à Reims, ça serait vachement chouette. Des boulots pareils, on n'en trouve pas à tous les coins de rues. Et dans la même vague de téléportation, j'emmènerais tout ce petit monde dans un coin du sud-ouest.

    Je suis toujours aussi serein, même si l'acquisition par ma muse du Pop'Art à Reims va encore quelque peu bouleverser nos vies, j'ai l'impression que rien n'est grave, qu'on pourra toujours changer nos habitudes, parce que les habitudes, c'est moche. On pourra toujours s'adapter. J'ai l'impression de vivre sur un nuage à ce niveau là, tellement ces derniers mois paraissent irréels et magiques. Je n'ai, pourtant, aucune visibilité sur l'avenir mais ça ne m'inquiète pas le moins du monde.

[Je suis heureux.]

Dimanche 18 décembre 2011 à 0:53

    Je suis à la veille ou presque d'un moment crucial : un déménagement, et pourtant je suis envahi d'une profonde sérénité qui n'a eu que peu d'égal dans ma petite vie. Malgré toute l'inquiétude qui peut régner dans ces moments là, je suis toujours un peu ailleurs. Et plus le temps passe, plus cette sensation de sérénité devient profonde et envoutante, apaisante.

    Je ne sais pas comment l'expliquer mais ce que je vis depuis trois ou quatre mois, c'est juste waouh. Je me dis que des choses comme ça n'arrivent que dans les rêves et qu'il serait temps de se réveiller. Mais le réveil ne sonne pas, dans la dimension où je suis. Alors je continue de croire que je rêve, mais c'est bien la réalité. Mais j'ai menti, il lui arrive de sonner, à ce réveil. Doucement, je l'espère. J'espère que c'est de cette façon là qu'il sonnera après le 1er janvier. Parce que cette fois, on sera vraiment confrontés à la réalité.

    Mais l'angoisse s'enfuit, un peu comme se sont enfuient mes certitudes au cours des derniers mois. Quand je regarde le "moi" d'il y a six mois, il y a eu du changement.  Mes certitudes d'alors se sont tout simplement envolées pour laisser la place à d'autres, différentes. Je ne suis pas mieux, je suis juste différent. La vie m'a imposé ses choix et ses aléas, j'ai réussi à faire avec, à mûrir, à grandir, encore. Et je me retrouve aujourd'hui à vivre des moments qui me semblaient inimaginables il y a quelques mois ou quelques semaines. Pour le plus grand bonheur de mon insatiable envie de découverte.

    J'ai du mal à cesser de contempler ces yeux qui me regardent me réveiller, à observer chacun de ses gestes, à écouter patiemment les mots sortir de sa bouche. J'ai du mal à me dire que dans quelques semaines les choses seront différentes. Mais demain est un autre jour. Demain, c'est dimanche, même si on est déja demain. Et demain, je vais me retrouver à affronter les questions naïves de deux gamins aussi curieux que moi de savoir ce qui se cache derrière le mystère qui enveloppait jusqu'à maintenant notre existence l'un pour l'autre.

[La suite au prochain épisode...]

Jeudi 17 novembre 2011 à 13:47

    Il semblerait bien que des jours meilleurs s'offrent à moi. On dirait que je respire normalement ou presque et que je ne meurs pas d'asphyxie à chaque montée d'escaliers et ça c'est un grand progrès. Je ne vais quand même pas commencer à me préparer pour le prochain marathon mais la forme revient.

    Et puis, et puis, il y a cette comète qui devait tomber. Et qui, en théorie, est déja tombée. En pratique c'est différent. L'administration, quand elle est lente, a le pouvoir de ralentir la chute des comètes et c'est le cas ici. Comme ça joue largement à mon avantage, je ne vais pas trop m'en plaindre, même si j'aimerais bien qu'un courrier de proposition d'embauche arrive dans ma boîte aux lettres, histoire d'être certain. Pour en revenir à la comète, je sais qu'elle va tomber bientôt, mais ça ne me fait plus peur. Je n'ai plus cette idée là en tête. C'est comme si quelqu'un avait retiré cette épée de Damoclès qui traînait au-dessus de ma ma tête. C'est juste bien, juste agréable, les nuages partent.

[La vie est belle.]

Lundi 24 octobre 2011 à 16:32

    Elle avait ce goût là, la toute première, allumée en cachette il y a sept ans. Même si, à l'époque, je crapotais plus ou moins. C'est fou comme les goûts changent avec l'habitude et reviennent au détour d'un sevrage. Forcé, le sevrage. Je suis bien conscient que s'en griller une après avoir passé quelques jours avec un poumon réduit de moitié et du sang pour garnissage n'est pas forcément l'idée du siècle. Mais rien que pour la madeleine, c'est un vrai plaisir. Pour la petite sensation de tête qui tourne, aussi, comme si je venais de tirer sur LE méga-pétard de juillet dernier.

    A force de penser que je retrouve les sensations de mes seize ans, en voila une autre qui est apparue. Je l'attendais pas. Et sûrement pas comme ça. Mon adolescence sensitive et émotionnelle me poursuit. J'aurais préféré n'en garder que les bons côtés. Même si j'avoue que c'était un réel plaisir de voir cette amie du lycée, maintenant externe, toquer à la porte de ma chambre à 23h. La vie, ça ne tient parfois à pas grand chose. Dans mon cas, à une bouffée d'air.

    Heureusement, au détour d'un début de rétablissement, un coup de téléphone est venu me rappeler que les années n'étaient pas passées pour rien et que j'avais bel et bien vingt-trois ans. De toute façon, je ne pourrai jamais effacer les années qui me séparent de mon adolescence, qu'on se le dise. Elles m'ont construit, m'ont fait comme je suis, un salaud mais pas un pourri. Après de longues semaines d'attente incertaines, c'est sûr. Mon prochain appartement sera lorrain. Et, comme la vie est bien faite, c'est pour janvier. Au moins, j'ai le temps de me remettre de mes émotions, de me préparer à y retourner. Ca laisse un peu de sursis à l'angoisse de la comète aussi. Reculer pour mieux sauter, peut-être pas, mais pour moins tomber, sûrement.

    J'ai encore un peu de mal avec l'idée que les poils de ma barbe soient plus longs que ceux de mes bras et de mon torse réunis, mais ça devrait passer. J'ai aussi un peu de mal avec la cicatrice qui orne mon flanc gauche, mais ça devrait passer. J'ai un peu de mal avec l'étrange sensation qui règne entre mes côtes. Mais, comme le reste, ça devrait passer.

    Je dédicace le titre à mon ami l'haricot, qui ne lira probablement jamais ce texte. Mais rendons à César ce qui lui appartient et ce titre lui appartient pleinement. Et puis, il le mérite largement, pour toute son oeuvre.

[Il faut que tu respires, et ça c'est rien de le dire.]

Dimanche 18 septembre 2011 à 16:14

    Je crois que j’ai peur. Affreusement peur. Et c’est pas seulement la peur de ne pas être à la hauteur mais, aussi et surtout, la peur de ne pas décevoir. La peur de voir les espoirs placés en moi s’effondrer en quelques secondes. Ces espoirs sont seulement palpables. Mais bien palpables. Et je ne pensais pas pouvoir en apporter autant en aussi peu de temps, surtout à mon aînée de huit ans.

    J’ai peur aussi de retomber dans mes propres pas. Mais ces pas là, ils n’évoquent pas tous des souvenirs très heureux. Je ne veux pas retomber dans les mêmes pièges inévitables, ni dans les mêmes travers. Et je sais par avance que je n’aurai pas le courage de marcher dans mes propres pas, même si cette fois le chemin se fait à l’envers. Parce que les bases ne sont pas les mêmes et que j’ai envie de spontanéité et non de contraintes, à long terme. Comme on se répétait en cours de mécanique : « Tout est question de référentiel. ».

    Evidemment, je tire encore des plans sur la comète qui n’est pas encore passée. Et même si je suis retourné dans la cité des ducs de Lorraine pour un entretien avec, cette fois, le DRH, ça ne veut pas dire que j’y passerai les prochains mois. Mais cette perspective m’angoisse autant qu’elle me ravie. 

    Et pourtant, j’y crois. J’ai déjà l’impression d’être un personnage de Melancholia, alors que je ne sais même pas si je vais devoir partir. Je sais qu’on ne survivra pas. On se contente de bien vivre en attendant la fin. Mais on a comme une épée de Damoclès pendue au-dessus du cou et on ne sait pas vraiment quand elle va tomber. Mais la certitude qu’elle va tomber hante ma tête. Et, apparemment, pas que la mienne. 

    J’ai peur d’en parler. Parce qu’en parler ça serait évoquer l’avenir. L’avenir d’un truc déjà improbable à la base. Alors, parler d’avenir… Mais peut-être que ça soulagerait. J’en sais rien. J’en sais foutrement rien. Jusqu'à maintenant, j’ai préféré contempler le paysage magnifique plutôt que me demander ce qu’il sera dans trois cents ans. Et je dois bien avouer qu’il n’y a pas grand-chose de plus agréable que de contempler ce qu’on est soi-même, ce qu’on fait. Prendre du recul, faire l’ours un jour ou deux, le temps de redescendre du nuage sur lequel on est installé et se dire « Ah ouais, on est bien ! ».

[Carpe Diem !]

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