C'est d'autant plus déstabilisant lorsque le contenu du cadavre importe peu au moment de la découverte. Qu'il ait été torturé, démembré ou brûlé avant d'avoir été mis dans ce placard n'a pas la plus grande importance. Non, ce qui compte c'est de savoir qu'il a longtemps été là, tout près, dans ce placard, et que la vie continuait à battre son plein juste à côté de ce placard sans que l'unique personne qui en détient la clé ne se soit décidée à l'ouvrir pendant tout ce temps.
Personne ne sait ce qu'il adviendra de cette découverte. Et encore moins du cadavre en lui-même. Une grande zone d'incertitude s'ouvre quant à la suite de l'histoire et à la confiance que s'accordent les personnages de l'histoire. Parce qu'au fond, et aussi étonnant que ça puisse paraître, le problème se situe là, pour le moment.
Et j'aimerais bien partir au loin avec mon sac de plomb, le porter tout seul, parce qu'il n'y a que moi qui doive le porter. Je ne sais pas bien si j'accepterai, à long terme, cette main qu'on me tend aveuglément pour m'aider à le porter, pour partager mon fardeau. Même si j'ai du mal avec la notion de propriété, je voudrais que celui-là reste le mien et rien que le mien. C'est aussi pour cette raison que ce cadavre rempli de plomb est resté si longtemps dans un placard.
[Mais comment peut-on défier une telle falaise, quand le temps, stupide, file à l'anglaise ?]